Publié chez Editions du Rouergue, 2012, 118 pages
ISBN 9782812604409
Kwiny, candide canard en plastique de 125 grammes, quitte son usine d'origine, chargé sur un cargo chinois transportant des clandestins, pour finalement atterrir - à la faveur d'un naufrage - dans le ventre de Jack, cachalot nostalgique du parc aquatique dont il fut la vedette. Après avoir été dépucelé par un pantin dans cet antre dantesque, Kwiny s'échappe à la faveur d'une attaque par un baleinier et se retrouve sur le bateau d'un groupe d'activistes écologistes, entre les mains de Bridget Boops, mannequin vénale et porte-étendard de la lutte contre la chasse à la baleine, qui l'initie à son rôle de sex-toy. Rapidement, le bateau est attaqué par des mercenaires qui massacrent les passagers puis s'enfuient, Kwiny en poche, lors de l'assaut d'un commando armé venu secourir l'équipage... Sur le registre de la satire, ce texte décapant scrute les dérives de la mondialisation de la société de consommation en prenant le parti d'en rire. Trafiquants de chair humaine, exploiteurs capitalistes, activistes écologistes, stars de cinéma transformées en produits marketing, artistes stupéfiés dans l'onanisme post-tout, terroristes islamistes, humanitaires se ruant sur l'Afrique, compétiteurs à motos, spéculateurs en tout genre : rien n'est épargné à Kwiny, le petit canard en matière plastique, jouet en bute aux pulsions les plus archaïques. Gilles Stassart lui donne une nature schizophrénique, d'un côté icône enfantine d'un paradis naïf, de l'autre sex-toy formé en douce pour disparaître dans un sexe de femme. Objet de convoitise dans un monde vénal et branché, il sera porté au pinacle avant de finir en paria.