Au milieu des années 1950, Mathilde sort à peine de l'en- fance quand la tuberculose envoie son père et, plus tard, sa mère au sanatorium d'Aincourt. Cafetiers de La Roche- Guyon, ils ont été le cœur battant de ce village des boucles de la Seine, à une cinquantaine de kilomètres de Paris.
Doué pour le bonheur mais totalement imprévoyant, ce couple aimant est ruiné par les soins tandis que le pla- cement des enfants fait voler la famille en éclats, l'entraînant dans la spirale de la dépossession. En ce début des Trente Glorieuses au nom parfois trompeur, la Sécurité sociale protège presque exclusivement les salariés, et la pénicilline ne fait pas de miracle pour ceux qui par insouciance, mé- connaissance ou dénuement tardent à solliciter la médecine.
À l'âge où les reflets changeants du fleuve, la conquête des bois et l'insatiable désir d'être aimée par son père auraient pu être ses seules obsessions, Mathilde lutte sans relâche pour réunir cette famille en détresse, et préserver la dignité de ses parents, retirés dans ce sanatorium - modèle architectural des années 1930-, ce grand paquebot blanc niché au milieu des arbres.
À travers un roman solaire, porté par le regard d'une adolescente rebelle heurtée de plein fouet par le réel, Valen- tine Goby poursuit son travail sur le corps dans l'Histoire, le rôle des femmes face à l'adversité, leur soif de liberté.
Née en 1974, Valentine Goby a notamment écrit Qui touche à mon corps je le tue (Gallimard, 2008). Chez Actes Sud, elle pu- blie en 2013 Kinderzimmer. Très remarqué par les lecteurs et la critique, ce roman a reçu plusieurs prix littéraires dont celui des Libraires. Après Baumes, paru dans la collection "Essences" (Actes Sud, 2014), Un paquebot dans les arbres est son douzième roman. Depuis 2005, Valentine Goby compose parallèlement une œuvre importante pour la jeunesse.